Publié le 12 Février 2021
Cette brève raconte la collaboration entre l’artiste Yan Tomaszewski et Vous Êtes Ici Architectes à l’occasion de la conception et de la réalisation d’une des œuvres monumentales de l’artiste.
Tchouri est une œuvre de l’artiste Yan Tomaszewski, exposée au Musée de l’Air et de l’Espace de Paris-Le Bourget de mai à septembre 2018. Il s’agit d’une sculpture monumentale, une enveloppe autoportante aux contours organiques, renfermant en son sein des œuvres de l’artiste.
Située sur le tarmac du musée, entre deux répliques à échelle 1 de fusées Ariane, elle invite les visiteurs à pénétrer dans son intérieur. Ils y découvriront une grotte peuplée d’étranges sculptures en verre ainsi qu’un film mêlant astrochimie et alchimie.
La comète exerce une attraction irrésistible sur le public. On se sent presque obligé d’y apposer sa main pour entrer en contact avec cette sculpture monumentale. Il émane une dimension sacrée de la forte présence du monolithe noir qui émerge ainsi de l’immensité blanche du tarmac. Tchouri, coque de béton d’un noir profond, aspire cette lumière et attire à elle tous les visiteurs qui gravitent autour.
Fruit d’une rencontre entre art et architecture, la collision entre deux manières de penser, de fabriquer les formes et d’investir l’espace a donné lieu à cette œuvre inspirée par la comète 67P/ Tchourioumov-Guérassimenko. Autour d’une idée originale de l’artiste, la collaboration s’est nourrie de la confrontation d’idées et de problématiques, donnant naissance à la construction d’une vision commune.
Par itérations, synthèses et rebonds, et en fédérant différents corps de métiers, l’enjeu était de donner vie à un objet souverain, de l’émanciper en le dotant d’une personnalité. Le résultat est une coque autonome de plus de quarante tonnes, délicatement posée sur le sol et semblant tenir seule dans un équilibre précaire. A l’intérieur, le visiteur découvre une série de sculptures en verre et un film mystérieux.
C’est un objet de contrastes.
Contraste d’échelle d’abord, puisque la sculpture est à première vue perdue sur l’immense étendue du tarmac. En s’approchant, vient l’impression que la sculpture est bien plus grande qu’imaginé.
Contraste de clarté ensuite : la lumière blanche presque aveuglante qui se réverbère sur le tarmac devient soudainement absente lorsque on entre dans l’espace sombre et caverneux. La vue n’y appréhende la profondeur et les contours de l’espace qu’après quelques secondes.
In fine, il s’agit de la rencontre entre une idée artistique et un regard architectural.
D’une grande technicité au service d’une perception, d’une sensibilité et d’une ambiance, cette sculpture simple et évidente, pure présence, directe, abordable par tous et pour tous, invite à la contemplation et à l’introspection.